Le Domaine Ozias-Leduc présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. « L'ensemble du site patrimonial Ozias-Leduc est unique au Québec puisque on y retrouve trois éléments identitaires importants liés à la vie et au travail d'un artiste significatif : la maison natale, qui présente un intérêt patrimonial déjà reconnu pour sa valeur architecturale, mais aussi historique, reposant sur son association avec Ozias Leduc (1864-1955).
Ozias Leduc est l'un des peintres québécois les plus importants de la première moitié du XXe siècle. Il est le deuxième enfant d'une famille nombreuse et modeste, qui vit de la culture des pommiers et des travaux d'ébénisterie du père. Leduc amorce sa carrière de peintre vers 1883, alors qu'Adolphe Rho (1835-1905) et Luigi Cappello (1843-1902) l'engagent comme assistant et l'initient à la décoration d'église. Il connaît entre 1893 et 1955 une carrière prolifique et conçoit les décors pour une trentaine de lieux de culte de l'est du Canada et des États-Unis. Un de ses décors les plus connus est d'ailleurs celui de son église paroissiale, Saint-Hilaire (1895-1900). Ami d'artistes, de musiciens et de poètes célèbres, il peint, illustre des oeuvres et rédige ses réflexions sur l'art. Il demeure cependant en marge des courants à la mode. Leduc prend aussi sous son aile un autre peintre natif de Mont-Saint-Hilaire, Paul-Émile Borduas (1905-1960). La carrière d'Ozias Leduc l'amène à voyager et à vivre temporairement à l'extérieur. Toutefois, tant ses figures allégoriques ou historiques, ses portraits, que ses natures mortes, s'inspirent de la localité qui demeure son port d'attache jusqu'à son décès, en 1955. Il oeuvre plus d'une dizaine d'années en politique municipale, ce qui démontre son haut degré d'appartenance à Mont-Saint-Hilaire.
Construite entre 1800 et 1850, la maison natale d'Ozias Leduc est une construction modeste typique de l'architecture rurale vernaculaire de la Montérégie à cette époque. En bordure des vergers, Ozias Leduc y grandit avec ses frères et soeurs, et y réside jusqu'à ce qu'il s'installe dans son atelier Correlieu en 1894. La maison est restée propriété de la famille Leduc jusqu'en 2005.
Avec le temps, l'atelier Correlieu avait même acquis un caractère mythique pour tous ses visiteurs. Ozias Leduc était très hospitalier. Plusieurs écrivains, musiciens, peintres, artistes et amateurs d'art s'y sont rendus pour le visiter. Au cours des années 1940 et 1950, alors qu'il était devenu une véritable légende, l'atelier était fréquenté aussi bien par les artistes d'avant-garde tels Paul-Émile Borduas, Jean-Paul Riopelle, Fernand Leduc, Françoise Sullivan, Ulysse Comtois que par des artistes traditionalistes comme Rodolphe Duguay, le sculpteur Henri Hébert, ou des écrivains modernistes comme Guy Delahaye, Marcel Dugas, Robert de Roquebrune. L'atelier est donc devenu le centre de la vie professionnelle et sociale d'Ozias Leduc, ainsi qu'un pôle d'attraction pour une large part de la communauté artistique de son époque.
Le principal intérêt de la maison familiale de 1916 repose sur le fait qu'Ozias Leduc en a dessiné les plans et qu'il y avait installé son atelier au deuxième étage.
Globalement, la propriété d'Ozias Leduc témoigne donc de l'évolution d'un site rural (des vergers du début du XIXe siècle au vignoble d'aujourd'hui) devenu aussi lieu culturel (de l'atelier d'artiste au site muséologique) sur près de 200 ans, et du lien entre art et nature qui a contribué à donner au mont Saint-Hilaire son statut symbolique. »
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