Depuis le 1er janvier 1974, Fargniers est une commune associée à la ville voisine de Tergnier. Comme beaucoup d’agglomérations situées au Nord de Soissons et à l’Est d’Amiens, celle-ci a beaucoup souffert des combats de la première Guerre mondiale. En 1918 en effet, celle-ci était sinistrée à 95 % de sa surface bâtie, de ses immeubles.
Un projet de reconstruction naît alors à l’initiative du Maire, M L’Hérondelle : la place de la commune nouvelle, notamment dessinée par les architectes Henri-Paul Nénot et Paul Bigot, le créateur du Grand Palais, à Paris. Cette place prend la forme originale d’un espace radio-concentrique autour duquel seraient disposés les bâtiments communaux.
A cette époque, Fargniers bénéficie en effet des fonds de la Dotation Carnegie, fondée en 1910 par l’industriel éponyme. Une somme de 150.000 dollars est consacrée par l’institution américaine à la reconstruction des bâtiments d’usage collectif de Fargniers : l’hôtel de ville, la salle municipale, le bureau de poste, le bâtiment abritant la pompe à incendie, les écoles ainsi que le logement des instituteurs.
La pose de la première pierre de cet ensemble monumental a lieu en 1922, les travaux s’achevant en 1928. Bien entendu un Foyer Carnegie, ainsi qu’un monument à Andrew Carnegie, sise au centre de la place, est également visible à Fargniers. Celui-ci, qui s’inspire grandement du modèle nord-américain, est classé Monument historique, depuis l’arrêté du 1er décembre 1998.
Source : CRDP de l'académie d'Amiens
Extrait du journal "Le Gaulois" du 10 juillet 1922
"Près de Tergnier, dans un plaine où la bataille fit rage, s'élevait jadis une charmante localité, Fargniers, qui dispersait ses coquettes maisons le log du canal de l'OIse. Quand l'armistice fut signé, il ne restait de Fargniers, ni une brique, ni un moellon ; la plaine était nue et désolée. Les habitants, avec ce courage obstiné particulier aux populations du nord, revinrent là où is avaient vécu et édifièrent des baraques, des maisons provisoires, puis cultivèrent leurs jardins et leurs champs...
... C'est alors que le plus heureux des hasards favorisa cette petite localité. La Dotation Carnegie la choisit pour la reconstruire...."
"Le Gaulois" débutait ainsi son article dédié à la pose de la première pierre qui s'était dépoulée la veille, le dimanche 10 juillet en présence de l'ambassadeur des États-Unis, de Léon Bérard, ministre de l'instruction publique et des beaux-arts, de Paul d'Estournelles de Constant, prix Nobel de la Paix en 1909 et quantité de notabilités françaises et américaines.
Pour l'anecdote, il faisait ce jour-là, un temps abominable, la pluie tombait en rafales et on grelottait.
Extrait de la revue "Technique sanitaire et municipale" de juillet 1927 :
La place Carnegie forme un vaste cercle de 200 mètres de diamètre. Elle est entourée par un boulevard de 15 mètres de large et traversée par la route nationale n°38 de Noyon à Laon, route large de 18 mètrs y compris les trottoirs.....
......On peut admirer groupés sur la place Carnegie les bâtiments communaux farnois, qui peuvent être considérés comme des modèles de l'architecture moderne, c'est-à-dire des édifices exempts d'enjolivement, d'une grande sobriété de lignes, de proportions harmonieuses.....
......Cette place concentrera donc tous les bâtiments communaux dans une superficie de 6 hectares et pourra être considérée, ainsi que le désiraient les Américains, comme une place communale modèle.
Extrait de la base Mérimée
Bâtiments classés "monument historique" de la place : l'hôtel de ville en totalité ; l'ancienne salle municipale en totalité ; les façades et toitures de l'ancien bureau de poste, du bâtiment de la pompe, de l'école maternelle, de l'ancienne école des filles et de l'ancienne école des garçons, de l'ancien pavillon des institutrices de l'école maternelle, de l'ancien logement des instituteurs et de celui des institutrices, du Foyer Carnegie, de l'ancien dispensaire ; le monument à Andrew Carnegie au centre de la place