"Le légendaire saint Ursin aurait établi un sanctuaire, au début de notre ère, à l'emplacement du monument actuel. Un autre aurait été construit par saint Pallais. Néanmoins, une chose est sûre : au VIIe siècle, il existait bien à Bourges une cathédrale voisine des remparts.
Et l'on a retrouvé des vestiges d'une cathédrale du XIe siècle. Toujours est-il que, vers la fin du XIIe, le chapitre veut lancer la construction d'un nouvel édifice plus vaste que la cathédrale romane dont il dispose. Celui-ci débordera l'ancien à l'est et à l'ouest.
À l'est, la déclivité du terrain conduit à bâtir une église basse (vers 1194-1195) sur laquelle reposera le futur chœur. L'archevêque, Henri de Sully, va donner 500 livres tournois pour la construction. Après le chœur, la nef suivra, puis la façade occidentale (vers 1250). L'architecte du chantier est inconnu, mais sa compétence, voire son génie, sont certains. Il restera dans l'Histoire sous le nom de maître de Bourges.
L'édifice, sans transept ni cloisonnement, privilégie l'unité d'ensemble et le volume. Le maître de Bourges révolutionne l'art de l'élévation : il supprime les tribunes, implante un circuit d'arcades démesurées (19 mètres de haut) de l'avant-nef jusqu'à l'abside et assure l'équilibre de l'ensemble par des arcs-boutants idoines. On en tire l'impression que l'élévation de la nef possède cinq niveaux. Cette prouesse technique et artistique ne sera reprise nulle part ailleurs. La cathédrale est enfin consacrée le 13 mai 1324. Elle possède déjà une magnifique galerie de vitraux dans son déambulatoire.
Dans un monument de cette taille (117 mètres de long), les périls sont permanents : un énorme «pilier butant» est bâti au XIVe siècle pour contrebuter la tour sud qui menace de s'écrouler. La tour nord s'écroulera en 1506 (dégradant les deux portails nord de la façade ouest). Tout sera reconstruit au début du XVIe siècle et les maçons laisseront à la postérité la tour de beurre. Aux XVe et XVIe siècles, à la suite de donations (dont celle de Jacques Cœur), les chapelles latérales viennent évider les murs droits au nord et au sud. De beaux vitraux, dont l'Annonciation (XVe siècle) et la présentation des Tullier (XVIe) les illuminent.
En 1562 , les huguenots saccagent les portails. Au XVIIIe siècle, ce sont les chanoines eux-mêmes qui se chargent des dégradations : démolition du jubé du XIIIe ; suppression du maître-autel (qui datait de 1526) ; suppression de dix-huit lancettes des verrières du XIIIe siècle représentant des saints évêques de Bourges. Stalles et tapisseries disparaissent aussi. Le mobilier et l'aspect intérieur du chœur sont mis à la mode.
À son tour, la Révolution va tout saccager. Le mobilier disparaît, vendu ou volé. La cathédrale devient temple de la Raison.
Le XIXe siècle fut celui des restaurations. Parfois pas très heureuses quand elles portent sur des verrières du XIIIe siècle ou des petites sculptures des portails, elles deviennent rigoureuses quand elles sont menées par l'architecte Bœswillwald de 1882 à 1890, selon un principe impérieux : refaire et restaurer le gros œuvre tel qu'on le trouve.
La cathédrale Saint-Étienne de Bourges est un monument incontournable parmi les grands édifices français. Ceci pour deux merveilles : les portails et les vitraux (qui offrent un historique de l'art du vitrail du XIIIe au XVIIe siècle). Incontournable aussi pour la nef et son élévation, unique au monde. On peut rajouter un quatrième point qui enchante bien des visiteurs : l'atmosphère de féerie qui règne dans le déambulatoire grâce aux 25 grandes verrières du XIIIe siècle. Pour les passionnés d'art sacré, déambuler dans le déambulatoire de la cathédrale de Bourges est un incontournable. "
Sources : L'Eglise