L’édifice Edmonstone consiste en une propriété composée de quatre bâtiments contigus. Le bâtiment d’origine a été construit en 1858-1859, afin d’y loger le siège social de la compagnie de transport maritime initialement connue sous le nom de la Edmonstone, Allan & Company. Sous la gestion des différentes compagnies et sociétés qui ont occupé la propriété, plusieurs travaux d’agrandissement ont eu lieu, soit vers 1867, en 1904 et en 1983. Par conséquent, différentes influences architecturales et différents traitements de façade, qui sont révélateurs de l’évolution du site, s’y retrouvent. Le site est situé sur la rue de la Commune, entre la rue Marguerite D’Youville et la ruelle séparant le bâtiment de l’Édifice des Commissaires. En plus d’être doté d’éléments architecturaux qui reflètent les besoins fonctionnels de la compagnie de transport maritime initiale, l’emplacement face au fleuve Saint-Laurent s’est révélé stratégique puisqu’il a prodigué à l’édifice Edmonstone une visibilité à partir du port. Cet emplacement a aussi assuré à la compagnie une certaine prédominance dans le développement du port de Montréal, port qui a eu une influence irréfutable sur la prospérité de la ville de Montréal. Cette dernière est considérée à l’époque comme étant la plaque tournante du transport au pays.
Valeur patrimoniale
L’ensemble de bâtiments composant l’édifice Edmonstone a été désigné édifice « reconnu », en raison de son importance historique, de l’intérêt qu’il représente sur le plan architectural et de la place privilégiée qu’il occupe au sein de son milieu.
Valeur historique :
L’édifice Edmonstone, Allan and Company témoigne très bien du thème des transports maritimes, puisqu’il est associé à l’effervescence de la première phase de développement qu’a vécu le port de Montréal au cours des années 1850 et 1880. Cette période a alors connu une forte croissance des communications, du commerce et de l’industrie, grâce notamment à l’essor des réseaux ferroviaires et maritimes. Le bâtiment d’origine (1858-1859) constitue l’une des plus anciennes constructions associées au transport maritime dans le secteur ouest du port. Il a été édifié afin d’abriter le siège social de la compagnie de transport maritime, mise sur pied par sir Hugh Allan et William Edmonstone. Cette compagnie est l’une des plus importantes compagnies de navigation outre-mer au Canada qui exploita de façon continue de nombreux navires pendant près d’un demi-siècle. Bien que la compagnie prît plusieurs appellations corporatives par la suite, la propriété est demeurée directement associée à sir Hugh Allan (1810-1882). Celui-ci, grand homme d’affaires et magnat du commerce maritime, exerça un certain ascendant sur la région de Montréal et s’intéressa également au secteur ferroviaire, ainsi qu’aux divers moyens de communication émergeants. Fondateur du premier syndicat financier ayant pour but la création d’un chemin de fer desservant la rive nord du Saint-Laurent, l’armateur et financier Hugh Allan est également considéré comme un personnage d’importance nationale, notamment en raison de son implication dans le « scandale du Pacifique » qui éclata en 1873.
Valeur architecturale :
L’édifice Edmonstone consiste en un ensemble de structures résultant d’une série d’au moins trois ajouts à la partie la plus ancienne et la plus visible du complexe. Les travaux d’agrandissement ont eu lieu vers 1867 (ajout d’un entrepôt à l'arrière des bureaux administratifs), en 1904 (ajout sur la rue Marguerite-D’Youville) et en 1983 (ajout entre la portion de 1904 et celle datée des environs de 1867).
Conçu par J.W. Hopkins, un architecte comptant de nombreux accomplissements architecturaux à Montréal, la structure d’origine (1859) était le dernier bâtiment réalisé par la célèbre firme Hopkins Lawford and Nelson avant que J.W. Hopkins ne fasse carrière seul (1860-69). Cette commande sut persuader l’homme d’affaires de faire appel à nouveau à J.W. Hopkins pour la réalisation de sa prestigieuse demeure, le Ravenscrag, quelques années plus tard (1861-1864).
Munies d’une maçonnerie de pierre de taille provenant de la région, les façades principales de cette structure de deux étages ont été façonnées selon les principes du style néoclassique à l’Italienne. Ce dernier a été introduit dans le vocabulaire architectural des bâtiments commerciaux, dans le but de véhiculer la vocation principalement administrative du lieu, tout en lui prodiguant une image de marque. Le bâtiment représente un très bon exemple d’édifice public de ce style. Certains éléments architecturaux et fonctionnels indispensables à une compagnie de transport maritime en contexte portuaire, dont la tour-lanterne en guise de belvédère et une horloge publique surplombant l’entrée principale, lui ont assuré une visibilité au sein du port de Montréal. Ils nous rappellent l’importance qu’avait la voie maritime du Saint-Laurent, ainsi que le concept de temporalité pour le succès et le rayonnement de l’entreprise.
Composé de trois étages, l’agrandissement de 1867 est situé à l’extrémité ouest du site. Façade en pierre de taille et élévations secondaires en pierre de moellon, le bâtiment aurait été érigé dans le but de servir à l’entreposage. Sa composition et son ornementation rappellent élégamment le style « palais », soulignant ainsi la vocation publique de l’édifice.
L’agrandissement de 1904 a été conçu par les frères Maxwell. Fondateurs d’une autre firme d’importance considérable à Montréal, les frères Maxwell sont connus pour la réalisation de nombreuses maisons bourgeoises, d’immeubles commerciaux, du musée des Beaux-Arts de Montréal, et au pays, pour la réalisation de gares et d’hôtels du Canadien Pacifique. Directement positionné à l’arrière du bâtiment d’origine (1859), ce bâtiment réitère les caractéristiques du style italien définit par ce dernier, tout en adoptant une facture quelque peu différente dans le traitement des fenêtres. L’utilisation d’une forme rectangulaire plutôt que cintrée et l’ajout d’un jeu de balustrades au second étage lui confèrent des proportions typiques et élégantes.
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