Porte Noire - Besançon, Franche-Comté, France
Posted by: Groundspeak Premium Member blackjack65
N 47° 14.048 E 006° 01.812
32T E 275215 N 5235461
Cet arc de triomphe est assurément l’illustration la plus solennelle, la plus prestigieuse du passé romain de l’ancien oppidum gaulois, Vesontio, évoqué par César dans le De Bello Gallico et devenu capitale de la Séquanie à l’époque romaine.
Waymark Code: WM10CTC
Location: Bourgogne-Franche-Comté, France
Date Posted: 04/15/2019
Published By:Groundspeak Premium Member Alfouine
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Référez-vous à ce document pour une description complète de chaque parcelle de la porte noire.
Source: (visit link)

Le monument qui fut érigé, au Haut Empire, à l’extrémité sud de la ville, au point de départ -ou d’arrivée- de la route primordiale, d’intérêt majeur, qui reliait Rome à Vesontio n’entre pas dans la catégorie des portes de ville, au sens précis, urbanistique, du terme. Il faisait partie, en effet, de la grande série des monuments honorifiques appelés souvent "arcs de triomphe", élevés à la gloire d’un empereur, en signe d’hommage et de gratitude, en raison d’une politique ou d’une action faste et bénéfique pour une ville, une région.

Construit en pierre locale, extrêmement décoré, l’arc était à l’origine rehaussé de couleurs vives.

Devant le danger grandissant, l’insécurité des temps au IIIe siècle de notre ère, la ville de Besançon se protégea par un rempart fermant la boucle du Doubs et réutilisant, dans la hâte, des blocs du Haut-Empire. La population s’abrita sur les pentes de la citadelle. Dès lors, le destin de la Porte Noire évolua. Au Bas-Empire l’arc, en effet, commença à jouer apparemment le rôle de porte de ville, dans cette muraille tardive, qui, établie au niveau du monument est archéologiquement mal connue et dont aucun tronçon n’apparaît dans le quartier de Saint-Jean. D’honorifique, la Porte Noire revêtit un caractère défensif.

Tout au long du Moyen Âge, l’arc constitua la limite entre le quartier capitulaire et l’agglomération qui s’étend à ses pieds, dans le méandre du Doubs, sur les vestiges de la ville romaine. Les documents qui mentionnent l’arc parlent tantôt de "porta civitatis", de "Porte de Mars" (par suite d’une erreur d’identification d’une divinité sculptée à l’étage supérieur gauche de la façade nord), tantôt de "tour des cloches", "tour de l’horloge", ou de "Porte Noire". L’appellation de Porte Noire, la plus récente, est courante à partir de la seconde moitié du XIe siècle. La propriété de l’arc fut sujette à querelles entre la ville et le chapitre. Le monument a appartenu au quartier capitulaire jusqu’en 1408, date à laquelle il fut cédé à la commune des citoyens de Besançon. L’archevêque riposta alors en jetant l’interdit qui durera quatre ans et au terme duquel le chapitre récupérera son temporel.

À une date qu’on ne peut facilement préciser, l’arc fut incorporé dans un énorme bastion carré (qui subsistera jusqu’au XIXe siècle), appelé "tour des cloches". Il ne constitua qu’un élément de la paroi nord de ce bastion dont on peut se faire idée par toute une série de dessins et gravures postérieures au Moyen Âge. Le bastion qui écrasait l’arc mesurait 21,30 mètres de hauteur du sol à la toiture, dont la hauteur, en outre, atteignait 7,30 mètres et qui était surmontée de très hautes girouettes. La largeur d’un côté de la tour était de 11 mètres. On avait réduit le passage antique de l’arc à plus de la moitié de sa hauteur afin d’aménager une chambre -logement du sacristain-, dotée de deux fenêtres et portant en remploi sur son mur extérieur les sculptures médiévales des symboles des Évangélistes. Au-dessus de cette pièce s’élevaient deux étages. On accédait à l’intérieur du bastion par un escalier établi fâcheusement dans le piédroit ouest de l’arc. Les blocs, sculptés ou non, de ce jambage de l’arc furent détruits. Comme l’a remarqué Pierre Marnotte, l’architecte municipal qui restaura le monument au XIXe siècle "pendant les siècles de barbarie, tout le jambage de droite avait été détruit et avait servi en quelque sorte de carrière où l’on allait extraire des pierres tendres pour divers usages". Le piédroit est de la Porte Noire fut lui aussi victime du manque d’égards porté au patrimoine antique durant cette période. On détruisit, en effet, la base de type attique de la colonne inférieure gauche sur la façade nord pour la remplacer par une base à griffes et reboucha la quasi-totalité du décor du fût. On n’en laissa subsister qu’un très petit tronçon, au tambour supérieur, sous le chapiteau. Des maisons canoniales et diverses constructions, au temps des Hohenstaufen, empiétaient sur la Porte Noire ou s’appuyaient contre elle.

Dans cet état pitoyable l’arc subit le destin du bastion : prison du chapitre durant le Moyen Âge et la Renaissance, arsenal lors de la guerre dite de dix ans(3), entrepôt de munitions au XVIIe siècle, tant et si bien qu’au XVIIIe siècle, la solidité de la Porte Noire et l’aspect des sculptures se révélaient alarmants. Un médecin, Nicolle, développa même, en quatre cents pages, l’idée effarante de détruire le monument.

Enfin, en 1751, on se décida à supprimer de la hauteur du bastion. À l’intérieur de ce qui subsistait de la tour, on établit le grenier du chapitre dans lequel on envisagea en 1752 d’entreposer du tabac à sécher. L’arc continua à subir des dégradations tout au long des années suivantes, notamment lorsque Choiseul fut nommé cardinal le 4 décembre 1761, comme on peut s’en rendre compte à la lecture d’un manuscrit Baverel.

"On sonna les cloches" (de la tour) "et tira des feux d’artifice sur la Porte Noire en signe de joie. Le chapitre fit attacher des décorations contre la Porte Noire. Ni les ouvriers ni les officiers municipaux ne s’inquiétèrent des dégâts occasionnés et lorsqu’on enleva ces décors, on fut étonné de voir un chapiteau brisé, un fût de colonne ébréché, une tête mutilée, mais il n’était plus temps."

Il faut signaler toutefois deux initiatives heureuses, très importantes pour notre connaissance du décor de l’arc : à une date que l’on peut fixer à la fin de l’année 1744 ou au début de l’année 1745, à l’occasion de la démolition d’une maison canoniale accolée à la Porte Noire et évidemment, avant la construction de l’archevêché actuel, deux auteurs anonymes de dessins approximatifs ont révélé l’aspect du petit côté est de l’arc, invisible jusqu’alors. Inutile de souligner l’intérêt que présentent ces deux documents puisque le mur de l’archevêché dissimule de nos jours complètement ce côté de la Porte Noire. À la fin du XVIIIe siècle, l’arc menaçait ruine.

Au début du XIXe siècle, la situation ne cessa d’empirer. Certains individus, peu éclairés, estimèrent qu’il fallait abattre ce monument. Heureusement, le préfet, le comte de Milon écouta favorablement les hommes cultivés, membres ou non de l’Académie des Sciences, Belles-lettres et arts de Franche-Comté, qui, émus de l’état déplorable d’un patrimoine aussi rare que précieux, lui demandèrent d’intervenir et de sauver le monument. Les architectes municipaux, Denis Lapret puis Pierre Marnotte furent chargés de procéder à la démolition du bastion, à la consolidation et à la restauration du monument antique.

C’est à Marnotte que nous devons de pouvoir encore admirer l’arc aujourd’hui. Il convient de souligner ici l’ampleur des travaux nécessaires, la prudence avec laquelle Marnotte mena à bien l’entreprise, le soin avec lequel il tint le registre des réparations, le décompte des factures, etc.

En 1827, la restauration de l’arc fut achevée. Marnotte dut réclamer jusqu’en 1832 ses honoraires, la Ville -propriétaire cependant du monument- ne voulant pas payer ! Le ministère du Commerce et des Travaux publics mit fin à cette situation conflictuelle lamentable. En 1840 la Porte Noire fut classée Monument Historique.

Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, l’intérêt grandissant pour le monument se traduisit par un certain nombre d’initiatives : à la demande de son président Alphonse Delacroix, la Société d’Emulation du Doubs fit exécuter par Charles Varaigne, en 1866, vingt et un moulages, actuellement conservés au musée lapidaire Saint-Paul, des sculptures décorant les parties inférieures de l’arc. Des érudits locaux tentèrent de comprendre, d’identifier les personnages représentés sur le monument. Ils en admirèrent l’exécution et réclamèrent l’entretien et la protection de ce patrimoine. Grâce à leurs démarches, le 17 août 1889, la Porte Noire fut inscrite sur la liste des monuments classés des édifices communaux.

Au début du XXe siècle, la ville paya la moitié du prix des travaux d’entretien du monument. Pour la première fois, les photographies du décor furent publiées dans le tome VII du grand Recueil général des sculptures, bas-reliefs et bustes de la Gaule romaine par Émile Espérandieu.

En 1959, Lucien Lerat, alors directeur de la circonscription des antiquités historiques de Franche-Comté, doyen de la faculté des lettres, professeur d’archéologie et d’histoire de l’art antique à l’université, fit compléter la série des moulages en confiant à Alfred Monterosso, mouleur des Musées nationaux, le soin d’opérer aux moulages, actuellement conservés au musée lapidaire Saint-Paul, des reliefs ornant les parties hautes de l’arc. La même année, il fit procéder à un relevé graphique exhaustif du monument par le dessinateur Julien Bruchet, de l’Institut de Recherche sur l’architecture antique du CNRS (bureau d’Aix-en-Provence). En 1961, il fit un sondage jusqu’à la base du piédroit est de l’arc en façade sud, ce qui permit de connaître le niveau de circulation antique, sur le cardo, dans le passage du monument. Il fit remanier la couverture de l’arc, afin de mieux protéger la partie sommitale et me confia l’étude de la Porte Noire dans le cadre de ma thèse de Doctorat d’État (publiée en 1986). Le temps, le climat, la pollution ont évidemment continué leur œuvre destructrice.

L’état, à nouveau alarmant de l’arc, a nécessité un plan de sauvetage, actuellement en cours de réalisation.

En 1990-1991, une étude fut réalisée et des propositions de restaurations furent élaborées, dont les principaux objectifs étaient d’isoler l’arc de l’humidité, d’éliminer les croûtes noires, les éléments étrangers à la construction (par exemple les morceaux de fers), les mousses et les lichens qui poussent sur la pierre. En 2002, la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Franche-Comté entreprit la mise hors d’eau de la porte, pour l’assainir et permettre des études complémentaires. Il convient en effet, avant toute opération de nettoyage, de consolider l’édifice afin d’éviter d’éventuelles dégradations des sculptures. À la fin du programme d’observation, l’Architecte en chef des Monuments Historiques pourra alors arrêter la méthodologie à mettre en place pour la restauration et la mise en valeur.

Le printemps 2004 marque une étape importante dans notre connaissance du décor du monument. En effet, à l’initiative de Monsieur Pascal Mignerey, conservateur régional des monuments historiques, des sondages furent exécutés dans le mur de l’archevêché qui empiète sur la façade sud et qui dissimule complètement le petit côté est. Ils ont révélé les compléments du décor du côté droit de la façade sud et la présence des sculptures antiques sur le petit côté est, du moins dans la petite partie qui fut accessible. Le mur, reconstruit à l’identique, après l’exploration des parois, masque à nouveau hélas, ce décor révélé, qui, par chance, donna lieu à deux moulages réalisés par le Centre régional de restauration et de conservation des œuvres d’art de Vesoul.

À l’endroit où la route reliant Rome à Besançon pénétrait dans l’agglomération en se transformant en axe majeur nord-sud (cardo maximus) de la ville, s’élève cet arc honorifique romain, miraculeusement conservé compte tenu des aléas de son histoire. Mais il ne se présente plus selon son aspect antique. Il est en effet, de nos jours encastré latéralement dans le rectorat et dans l’archevêché alors que dans l’Antiquité, il était entièrement dégagé et que toutes ses faces étaient visibles. Le niveau de circulation sous le passage se situait à plus d’un mètre au-dessous du sol actuel. La partie supérieure du monument a disparu. Au-dessus de l’entablement supérieur régnait l’attique qui servait de socle supportant la (les) statue(s) impériale (s) en bronze. À l’époque romaine l’arc mesurait 16,56 m de hauteur.

Le monument appartient à un type architectural simple : arche monumentale flanquée de deux piédroits et surmontée d’un entablement, mais l’originalité de la Porte Noire réside dans la hauteur inusitée de la baie (11,30 m), dans les proportions très élancées du monument, dans la faible profondeur du passage, dans la présence de deux entablements qui dédoublent les colonnades des parois.

Le monument dans l’antiquité était peint. Aucune trace des couleurs vives qui rehaussaient les sculptures n’est visible de nos jours.

Le caractère exceptionnel que revêt l’arc de Besançon ne résulte pas seulement de ses particularités architecturales. Il réside essentiellement dans l’ampleur, la richesse et l’excellente qualité artistique d’une plastique omniprésente et dans la curieuse profusion d’images de divinités et de héros mythologiques sur un monument de type triomphal, honorifique, à fonction politique. L’état de mutilation des sculptures ne facilite pas la lecture de l’image.

...

Les noms des sculpteurs de la Porte Noire nous sont inconnus, mais l’étude stylistique détaillée permit de constater les comparaisons possibles avec certaines réalisations, notamment dans l’art funéraire, des ateliers de Strasbourg et de la région trévire. Le travail a été confié à une équipe qui a réparti la tâche du décor de l’arc entre plusieurs "mains" (au moins quatre), comme le prouve le traitement différent des mêmes motifs répétitifs sur la façade nord et la différence de canons, de proportions, d’esquisse, des personnages sur les façades principales nord et sud.
Dénomination de l'édifice (from Merimee DB): arc de triomphe

Localisation (from Merimee DB): Franche-Comté ; Doubs ; Besançon

Précision sur la protection de l'édifice (from Merimee DB):
Porte Noire


Date de versement de la notice (Merimee DB): 01/01/1840

Relevant Website: [Web Link]

Photo with MH logo pictured included?: no

Référence de la notice (from Merimee DB): Not listed

Adresse de l'édifice (from Merimee DB): Not listed

Siècle de la campagne principale de construction (from Merimee DB): Not listed

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